Vous ĂȘtes poursuivi le dĂ©lit de blessures involontaires et vous souhaitez connaĂźtre les sanctions encourues ?
Quelle peine pourra ĂȘtre prononcĂ©e pour un dĂ©lit de blessures involontaires ? Comment sont fixĂ©es les peines ? Les rĂšgles applicables en matiĂšre de rĂ©cidive ?
Depuis la loi LOM (n°2019-1428) entrĂ©e en vigueur le 24 dĂ©cembre 2019, la rĂ©tention du permis de conduire est dĂ©sormais possible en cas de commission dâun accident de la circulation ayant occasionnĂ© un dommage corporel (dĂ©lit de blessures involontaires visĂ©) si les forces de lâordres soupçonnent la commission dâune infraction de non respect des vitesses maximales autorisĂ©es, de tĂ©lĂ©phone tenu en main, de rĂšgles de croisement, de dĂ©passement, dâintersection et de prioritĂ© de passage.
Cette rĂ©tention pourra donner lieu Ă la suspension du permis de conduire par le prĂ©fet dâune durĂ©e maximale dâun an, en amont du jugement.
â Le dĂ©lit de blessures involontaires, une infraction involontaire ?Â
Le dĂ©lit de blessures involontaires est comme son nom lâindique involontaire. Cela signifie que la personne nâa jamais voulu porter atteinte Ă lâintĂ©gritĂ© physique de la victime blessĂ©e.
En effet, câest par exemple le cas de la personne qui, en ne respectant pas lâarrĂȘt imposĂ© par un panneau stop, a causĂ© un accident ayant engendrĂ© des blessures Ă un piĂ©ton qui traversait la chaussĂ©e.
Lâintention de lâautomobiliste nâĂ©tait Ă©videmment pas de blesser le piĂ©ton quâil ne connait, au demeurant, mĂȘme pas. Il a simplement manquĂ© Ă une obligation imposĂ©e par la loi, laquelle a engendrĂ© la collision avec le piĂ©ton.
Si lâintention du mis en cause Ă©tait par contre caractĂ©risĂ©e, c’est le cas de celui qui utilise son vĂ©hicule pour faire tomber un motard par exemple, cela permettrait de faire basculer de lâinfraction de blessures involontaires Ă des violences volontaires.
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Dans lâexemple susmentionnĂ©, lâinfraction de blessures involontaires sera constituĂ©e car la personne a manquĂ© Ă une simple obligation de prudence ou de sĂ©curitĂ© imposĂ©e par la loi en ne respectant pas le feu tricolore ou un panneau stop. Ici, il ne sâagit pas dâun simple accident de la circulation car une faute a Ă©tĂ© commise permettant de caractĂ©riser le dĂ©lit de blessures involontaires.
En effet, la diffĂ©rence entre le simple accident de la circulation et le dĂ©lit de blessures involontaires est la commission dâune faute, voir d’une simple nĂ©gligence. Dans un accident de la route, aucune responsabilitĂ© ne peut ĂȘtre engagĂ©e car personne nâa commis de faute, ou dâerreurs de conduite.
â La relaxe est-elle envisageable pour le dĂ©lit de blessures involontaires?
Bien Ă©videmment, que ce soit pour le dĂ©lit de blessures involontaires ou un autre dĂ©lit routier d’ailleurs.
Il ne faut pas oublier que si, Ă la lecture du dossier pĂ©nal, lâavocat en droit routier constate lâabsence de faute Ă lâorigine de lâaccident, il devra dĂ©montrer quâil sâagit dâun simple accident de la route et devra plaider la relaxe.
De la mĂȘme maniĂšre, sâil constate que le procureur a, de maniĂšre insuffisante, apportĂ© la preuve de lâexistence dâune faute, il devra plaider la relaxe.
Les consĂ©quences dâune infraction de blessures involontaires sont bien souvent tragiques. NĂ©anmoins, il faut bien comprendre que ce nâest pas faire offense aux victimes que de solliciter la relaxe car la procĂ©dure a Ă©tĂ© mal diligentĂ©e, procĂ©dure censĂ©e protĂ©ger aussi les droits de La DĂ©fense.
Toute personne mise en cause a droit à ce que la procédure menée à son encontre soit réguliÚre et lui offre des garanties procédurales suffisantes. A défaut, elle doit pouvoir bénéficier de la relaxe.
La relaxe ne signifie pas que lâaccident ne sâest pas produit et encore moins que les victimes ne seront pas indemnisĂ©es. Cela signifie uniquement quâaucune faute pĂ©nale ne peut ĂȘtre reprochĂ©e Ă la personne mise en cause pour des faits de blessures.
Dans cette hypothÚse, aucune peine ne sera prononcée, aucun point ne sera retiré et le casier judiciaire ne sera pas marqué par la condamnation.
â Quelles sont les sanctions encourues pour le dĂ©lit de blessures involontaires ?
A titre liminaire, il faut rappeler que les peines encourues pour le dĂ©lit de blessures involontaires, sont les peines maximales que le juge peut prononcer le jour de lâaudience.
Ces sanctions encourues dépendent alors de plusieurs facteurs.
PremiĂšrement, les peines encourues sont fixĂ©es en fonction de la gravitĂ© des prĂ©judices causĂ©s Ă la victime. En effet, la loi prĂ©voit un seuil de 3 mois dâincapacitĂ© qui sera Ă©valuĂ© par un mĂ©decin requis par le procureur (mĂ©decin des UMJ, unitĂ©s mĂ©dico-lĂ©gales).
DeuxiĂšmement, les peines encourues sont fixĂ©es en fonction de la gravitĂ© de la faute commise. Il faut savoir que la loi a dĂ©fini lâexistence de 6 circonstances aggravantes :
- La violation manifestement dĂ©libĂ©rĂ©e dâune obligation particuliĂšre de prudence ou de sĂ©curitĂ©. Il sâagit de lâensemble des obligations imposĂ©es par le code de la route
- La conduite dâun vĂ©hicule sous lâempire dâun Ă©tat alcoolique, dans un Ă©tat dâivresse manifeste ou par le fait dâavoir refusĂ© de se soumettre aux vĂ©rifications destinĂ©es Ă Ă©tablir lâexistence dâun Ă©tat alcoolique
- La conduite dâun vĂ©hicule sous lâemprise de stupĂ©fiants ou par le fait dâavoir refusĂ© de se soumettre aux vĂ©rifications destinĂ©es Ă Ă©tablir lâexistence dâun usage de stupĂ©fiants
- Si le conducteur nâĂ©tait pas titulaire du permis de conduire exigĂ© par la loi ou le rĂšglement pour la conduite dâun vĂ©hicule ou si le permis avait Ă©tĂ© invalidĂ©, annulĂ©, suspendu ou retenu
- Si le conducteur, sachant quâil vient de causer un accident a tentĂ© dâĂ©chapper Ă sa responsabilitĂ© civile ou pĂ©nale en sâenfuyant.
- Si le conducteur a commis un dépassement de la vitesse maximale autorisée égal ou supérieur à 50 km/h
â Le dĂ©lit de blessures involontaires et ses peines en tableau
â Les peines complĂ©mentaires pour le dĂ©lit de blessures involontaires :
En sus des peines principales, la loi a prĂ©vu des peines complĂ©mentaires pour le dĂ©lit de blessures involontaires qui peuvent Ă©galement ĂȘtre dĂ©cidĂ©es par le magistrat :
- La confiscation du vĂ©hicule utilisĂ© pour commettre lâinfraction, si la personne en est le propriĂ©taire
- La suspension du permis de conduire pendant une durĂ©e pouvant aller jusquâĂ 5 ans, voire son annulation sâil existe une circonstance aggravante.
- Lâinterdiction de conduire tout vĂ©hicule terrestre à moteur pendant une durĂ©e pouvant aller jusquâĂ 5 ans
- Lâobligation de suivre un stage de sensibilisation Ă la sĂ©curitĂ© routiĂšre
- Lâimmobilisation du vĂ©hicule, pour une durĂ©e pouvant aller jusquâĂ un an
Sur le plan administratif, la personne se verra retirer 6 points de son permis de conduire.
Bien Ă©videmment, votre avocat aura la lourde mission dâorienter le tribunal afin quâil prononce la peine qui corresponde le mieux tant Ă vos objectifs professionnels quâĂ votre situation personnelle.
â Quelles peines en cas de rĂ©cidive du dĂ©lit de blessures involontaires ?
ConformĂ©ment Ă lâarticle 132-10 du Code pĂ©nal, si lâautomobiliste ayant Ă©tĂ© condamnĂ© dĂ©finitivement pour un dĂ©lit de blessures involontaires, commet une nouvelle infraction dans le dĂ©lai de 5 ans, les peines dâemprisonnement et dâamende encourues sont doublĂ©es.
Ainsi, le conducteur qui, par imprudence, renverse un piĂ©ton dont lâITT est infĂ©rieure Ă 3 mois mais se trouve en Ă©tat de rĂ©cidive encourt la peine 4 ans et 60 000 euros dâamende.
Cependant, lâautomobiliste doit avoir commis une seconde fois soit le mĂȘme dĂ©lit, soit un dĂ©lit qui est assimilĂ©.
Ainsi, la loi prĂ©voit que les dĂ©lits de conduite sous lâemprise de stupĂ©fiants et de conduite sous lâempire dâun Ă©tat alcool sont des dĂ©lits assimilĂ©s.
En effet, en vertu de lâarticle 132-16-2 du Code pĂ©nal, les dĂ©lits assimilĂ©s sont les suivants :
- Les dĂ©lits dâhomicide involontaire et blessures involontaires
- Les délits de conduite sans permis, de conduite avec alcool, de conduite avec stupéfiant ou de récidive de grand excÚs de vitesse
De ce fait, lâinfraction de conduite avec alcool ne peut constituer un terme de la rĂ©cidive que lorsquâil constitue le second terme câest-Ă -dire lorsquâil est commis un deuxiĂšme.
Câest ainsi que le cabinet est parvenu Ă faire tomber la rĂ©cidive devant le Tribunal correctionnel de Bordeaux. En effet, Monsieur X Ă©tait poursuivi du chef de blessures involontaires avec alcool en Ă©tat de rĂ©cidive puisquâil avait Ă©tĂ© condamnĂ© pour une conduite avec alcool 3 ans auparavant.
NĂ©anmoins, grĂące Ă lâexpertise du cabinet, lâavocat est parvenu Ă faire Ă©chec Ă la qualification de rĂ©cidive en dĂ©montrant que la conduite avec alcool dont il avait fait lâobjet 3 ans avant, ne pouvait constituer le premier terme de la rĂ©cidive. Les peines ayant Ă©tĂ© prononcĂ©es par le Tribunal ont Ă©tĂ© nettement moins sĂ©vĂšres puisquâelles ont Ă©tĂ© divisĂ©es par deux.